mardi 17 mai 2011

Visite Lee Myung-bak en France : bilan


La Corée du Sud se tourne vers l'Europe pour s'affirmer sur la scène mondiale. Après avoir tenu les rênes du G20 en 2010, le président Lee Myung-bak a terminé vendredi à l'Élysée une tournée européenne visant à avancer ses pions sur l'échiquier international. Le «bulldozer» de Séoul vient offrir ses services à Nicolas Sarkozy en vue du sommet du G20 de Cannes, en novembre, où la Corée du Sud espère jouer un rôle pivot entre les pays avancés et les nouveaux géants émergents, comme la Chine. Car les points de convergence entre Paris et la quatrième économie d'Asie sont multiples et les circonstances propices.



Comme Nicolas Sarkozy, Lee Myung-bak veut renforcer le G20 car cette enceinte a offert à son pays, qui était en 1950 aussi pauvre que le Soudan, une place à la table des grands. Ce format permet à cette nation de 50 millions d'habitants, grande comme le Portugal, d'exister aux côtés des géants chinois et indien, grâce à une politique d'alliances tous azimuts et des relations étroites avec les pays occidentaux. Sur le plan personnel, le G20 offre aussi une sortie de scène flatteuse pour 2012 à un président qualifié de «canard boiteux» depuis une cinglante défaite électorale, le 27 avril dernier. En dépit des réticences de Washington, Lee appuie donc les initiatives françaises en faveur d'un renforcement de la gouvernance du G20 ou d'une régulation des cours des matières premières. Et Séoul rêve d'accueillir sur son sol un secrétariat permanent du G20. «Cela nous offrirait une forme de garantie de sécurité internationale face à la menace de la Corée du Nord», glisse un diplomate. Le président sud-coréen Lee Myung-Bak a confirmé vendredi de vive voix à Nicolas Sarkozy son soutien aux priorités de la présidence française du G20, notamment en matière de régulation financière et de réforme du système monétaire international.Dans une déclaration publiée à l'issue d'un déjeuner à l'Elysée, les deux chefs d'Etat ont réaffirmé leur "engagement de réduire les grands déséquilibres persistants et de favoriser la croissance et l'emploi" et se sont félicités "des progrès déjà accomplis en matière de renforcement de la régulation et de la supervision du secteur financier". MM. Sarkozy et Lee ont également soutenu "les travaux entrepris pour améliorer le système monétaire international" et se sont déclarés "préoccupés par la situation des marchés de matières premières", selon ce texte.


Lors de ce déjeuner, auquel se sont jointes leurs épouses, le président a renouvelé à son invité sud-coréen son "soutien très marqué" aux positions défendues par Séoul sur le question du programme nucléaire militaire de son voisin nord-coréen, selon la présidence française. A l'heure où la France préside le Conseil de sécurité, Sarkozy et Lee ont posé les premiers jalons en vue du sommet sur la sécurité nucléaire qui se tiendra à Séoul en 2012.

Sur le plan bilatéral, les deux présidents ont évoqué le renforcement de leurs relations économiques, notamment en matière aéronautique, à la faveur de l'entrée en vigueur le 1er juillet prochain de l'accord de libre échange signé par la Corée du Sud avec l'Union européenne (UE). Cet accord commercial, le plus ambitieux conclu par les 27 à ce jour, doit permettre d'éliminer environ 98% des droits de douane entre les deux parties et de doubler à moyen terme le commerce de l'UE avec la Corée du Sud. «C'est une chance pour la Corée et les pays européens de croître ensemble», a expliqué Lee, après avoir rencontré Angela Merkel à Berlin.


Le dernier obstacle à l'amélioration des relations bilatérales a été levé en avril grâce au retour sur le sol ancestral des archives royales dérobées par la flotte de Napoléon III en 1866. Paris et Séoul ont récemment levé un obstacle qui perturbait leurs relations en signant un accord aux termes duquel la France s'est engagée à restituer à la Corée du Sud une série de manuscrits sud-coréens anciens saisis en 1866 par des militaires français et conservés depuis à la Bibliothèque Nationale de France (BNF). Cet accord a pris la forme juridique d'un prêt.
Enfin, le projet de construction d’une maison de la Corée à la Cité internationale universitaire de Paris, qui était resté en suspens pendant très longtemps, va enfin se concrétiser.


Les présidents Lee et Sarkozy ont de nombreux points communs qui auraient finalement pu profiter aux relations bilatérales bien plus tôt que la visite de Lee organisée cette semaine…



Tous deux ont été élus en 2007 et ont des objectifs politiques d'envergure en 2012. Lee, contrairement à Sarkoy, se contentera de se battre pour qu’une personne du même parti lui succède car un seul mandat est possible dans la péninsule sud-coréenne, signe de la crainte de régimes autoritaires. Comme il a déjà été dit,  Lee Myung-Bak s’est chargé du sommet du G20 en 2010 et Nicolas Sarkozy prend la relève en 2011.

Côté « business », disons que ces deux hommes sont liés aux grands patrons du monde de l’entreprise, ou plutôt des grandes entreprises. L’attachement remarqué de Nicolas Sarkozy pour « son meilleur ami » Martin Bouygues ainsi que d’autres grands patrons français (Lagardère, Rothschild, Dassault, Pinault...) n’est pas sans rappeler le support constant apporté par le président Lee Myung-Bak aux grands chaebols (Samsung, LG, Hyundai), ces conglomérats familiaux qui sont les piliers de la péninsule coréenne. La carrière du président sud-coréen chez Hyundai Construction n’est pas étrangère à cela : il débute dans le groupe en 1965 avec 90 employés et quitte son poste 27 ans plus tard alors que l’entreprise compte 160 000 salariés. Surnommé le « bulldozer », il est à l’origine de nombreux contrats à travers le monde et les bonnes relations entre le groupe et des pays comme l’URSS, Singapour, le Cambodge, la Malaisie ou encore la Chine.

Depuis le début de leur mandat respectif, ils font preuve d’une incroyable maîtrise des médias et du calendrier pour faire passer en douce certaines mesures ou profiter. Une nouvelle ressemblance entre les deux hommes qui ne passe guère inaperçue. Remaniements ministériels, information qui fait le buzz pour cacher une information dérangeante les concernant, liberté d’expression dans les médias… les deux présidents savent choisir le bon moment et les bons médias pour maîtriser l’opinion publique. Lee Myung-Bak est également très fort pour se sortir d’affaires dérangeantes. Il sait faire passer les messages dans n’importe quel média au moment où il le souhaite. L’un des exemples les plus récents date d’il y a quelques jours. Alors qu’un scandale est en marge d’éclater dans la presse par rapport à son implication dans le groupe BBK (société montée illégalement), qui avait déjà créé un petit scandale en 2007 avant sa nomination à la tête du pays, une affaire plus people éclate dans les médias au même moment (affaire Seo Tae-Ji et E Ji-Ah, le divorce le plus médiatique du moment). Hasard? Indice frappant, la France et la Corée du Sud sont proches, même en termes de "liberté de la presse". Le classement 2010 le prouve finalement bien : la Corée du Sud est 42e et la France 44e sur les 178 pays analysés par Reporters sans Frontières.

A-t-on alors assisté cette semaine à la rencontre de deux présidents qui auraient pu être inséparables?

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