lundi 13 septembre 2010

Cheonan, analyse et hypothèses


Rappel des faits bruts : naufrage de la corvette sud-coréenne «Cheonan» fin mars. 46 morts. Accusations de Séoul envers Pyongyang.

Les conclusions de l'enquête internationale semblaient accuser clairement le régime de Kim Jong-Il, comme en atteste cet article. Condamnations de la communauté internationale, mise au ban du pays, rien que du très classique malheureusement.


Mais là où cette affaire est plus étonnante par rapport aux autres incidents frontaliers qui émaillent les relations des deux pays depuis 1953 (accords de Panmunjon), c'est par la réaction de la société civile coréenne. Sur les blogs, les rumeurs d'une bavure de l'US Navy ont grand succès. Au point d'inquiéter le gouvernement, qui a tenté de neutraliser certains de ces blogs. De plus, la conclusion de l'enquête internationale a eu lieu à peine quelques jours avant des élections régionales (article très intéressant). Cette défiance envers les Etats-Unis a affaibli quelque temps la position de la Corée du Sud à l'ONU à l'heure où elle peine à convaincre Pékin et Moscou de condamner Pyongyang. Comble de l'embarras, l'un des groupes civiques les plus en vue du pays, People's Solidarity for Participatory Democracy, a envoyé une lettre au Conseil de sécurité pour contester les résultats de l'enquête, déclenchant la furie des diplomates coréens.


Une des thèses qui rencontre le plus de crédit est donc celle de l'implication américaine dans cette affaire afin de légitimer la poursuite de la présence US dans la péninsule coréenne. En effet, comme le rappellent maints bloggeurs, les Etats-Unis ont tout intérêt à rester en Corée du Sud afin d'affirmer leur puissance à quelques encablures de la Chine.
Une autre thèse met en avant une récupération plus électoraliste de l'événement. Le président aurait profité de l'événement tragique pour mettre l'accent sur les aspects sécuritaires au cours de sa campagne.


Ces aspects du problème n'ont quasiment pas été évoqués en Europe où les relations coréennes ne sont qu'analysées via le vieux prisme de la Guerre Froide. On oublie souvent les relations étranges que Séoul et Washington entretiennent et on minimise les ambitions hégémoniques de la Chine dans la région en occultant le fait que Pékin regarde d'un oeil avide les ressources naturelles des régions septentrionales de la Corée du Nord. Je ne tomberai pas dans le raccourci "protection chinoise de la Corée du Nord contre concessions minières" mais cet aspect mérite d'être pris en considération.

En tout cas, il est certain que l'événement est complexe et n'est pas résumable à un antagonisme manichéen nord-sud. Les relations entre ces deux pays nécessitent une concertation régionale poussée et apaisée et ne doivent pas être le théâtre d'expression d'un choc de volontés hégémoniques entre les deux Géants qui veulent régler ces relations à leur guise.

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